Une histoire de pollution

Dans un de nos précédents albums photos, vous avez pu apprécier le côté sombre de la capitale malgache.

Avec le voyage dans le temps, la pollution est ici ce qui frappe le plus une personne avec un teint pâle comme le mien. Et ça frappe particulièrement fort; après six mois (déjà) j'en suis encore tout sonné.

Un nuage noir sort de la plupart des véhicules entretenus juste ce qu'il faut pour continuer à avancer. Les gens brûlent tout et n'importe quoi. Nous sommes régulièrement gênés chez nous, dans notre bureau, par les odeurs de plastique et autre matières dégageant des gaz toxiques en se consumant. Je préfère quand ce sont les odeurs de cuisine qui remontent !

Depuis que nous sommes arrivés, je n'ai pas vu une seule rue, ruelle, chemin, passage de la capitale qui ne soit pas jonché de détritus divers et variés. Des sacs plastiques qui volent au vent, des peaux de bananes recouvrant le sol, des coques et noyaux de litchis éparpillés, des emballages divers et des choses dans un tel état de décomposition que je ne saurais les identifier. Par moment, l'odeur dégagée par les tas d'immondices est telle que je préfère retenir ma respiration le temps de passer à côté.
Sur cette photo prise juste en bas de chez nous, vous pouvez admirer un tas d'ordures déposé sous un panneau disant "Ne pas déposer d'ordure - Amende de 4000 Ariary - Garde à vue de 40h".

À chaque fois que je passe dans la rue principale du quartier, je vois au moins une personne en train de vider son seau d'ordures dans une bouche d’égout. Le mot que j'ai à la bouche est "dégoût". Plus tard, lorsqu'il pleut et que la rue est inondée, ces mêmes personnes se plaignent que les responsables du quartier ne fassent pas déboucher les canalisations.

Les rizières et la campagne en bordure de ville sont aussi touchées. Le riz pousse entre les sacs et bouteilles en plastiques.

Je pensais que ceci était l'effet d'agissements de gens de peu d'éducation. Les gens vivant sous le seuil de pauvreté sont nombreux ici et la scolarisation est faible.

Lors d'une randonnée avec un cousin de Fara, j'ai été très choqué et attristé de le voir lâcher consciemment, comme si de rien n'était, un emballage de bonbon qu'il venait d'ouvrir. Nous étions suffisamment loin de la capitale pour ne voir que très peu de traces de pollution. Peu de temps avant, il m'avait fait tout un discours sur la beauté des paysages de son pays. C'est une personne dont le niveau d'éducation est important. Autant pour mes préjugés. Je n'ai rien dit, je me suis contenté de ramasser l'emballage et de le mettre dans ma poche.

Quelques mois plus tard, pendant un pot après un tournoi de badminton, je discutais avec un camarade. Il déchiquetait machinalement son gobelet en polystyrène. Lorsqu'il eu finit, il lâcha les petits morceaux sur le sol, en plein milieu du gymnase.

Après le badminton, en partant du gymnase, je ramasse régulièrement les ordures laissées par mes camarades.

Une minorité des habitants de la capitale n'est pas comme ça (je ne parlerai pas des gens des campagnes ou des côtes, ne les connaissant pas encore).

Un autre cousin de Fara nous a spontanément fait part de sa tristesse en voyant certains signes de pollutions.

Un de nos amis malgaches a vécu une dizaine d'années en France. À son retour, alors qu'il était dans un taxi-be, il a vu un enfant jeter des ordures par la fenêtre. Notre ami s'est empressé de lui signaler que ce n'était pas propre et qu'il ne fallait pas faire ce genre de chose. Bien mal lui en a pris. La mère de l'enfant a incendié notre ami, lui disant en substance que son enfant pouvait jeter ce qu'il voulait où il le voulait...

Enfin, signe que des gens ont envie de changer tout ça, la chanson Fako de Dah Mama, déjà postée sur ce blog. Les paroles sont claires : ne jette pas tes ordures par terre !

3 commentaires:

  1. Merci beaucoup Cyril. Tes remarques sont très pertinentes... Il y a beaucoup de boulot à faire...

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  2. Merci Christian pour cette "approbation" que j'apprécie beaucoup de la part d'un malgache :)
    J'ai essayé de me cantonner à mes sentiments et aux faits, sans interprétation ni jugement, pour ne pas "polluer" mon article ;)

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  3. C'est malheureux de voir ça...:(

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