Une histoire de bicyclettes

En partant de France, par soucis d'économie et de simplification, nous avons pris la décision d'emmener peu d'affaires avec nous et d'acheter sur place -- à priori pour pas cher -- ce qui nous manquera. Nos vélos -- tandem compris -- sont donc restés en France. Notre moyen de locomotion préféré nous a donc rapidement manqué.

Pendant plusieurs mois, nous avons cherché -- plus ou moins activement -- à nous procurer des bicyclettes.

Premier constat, il est possible de trouver des vélos à "bas prix" mais vraiment au dépend de la qualité. Pour vous donner un ordre d'idée, par rapport à ce qu'on trouve en France, à qualité/accessoires équivalent, il faut compter au moins deux fois le prix. L'inconvénient d'être sur une île avec une politique économique ne favorisant pas les importations...

Deuxième constat, la "préparation" des vélos est faite "très rapidement" et est à payer en plus. Entre 5000Ar et 10000Ar suivant les endroits (entre 2€ et 4€).
Par "préparation", ils entendent : serrage des rayons, montage de la chaîne, "réglage" des freins et dérailleurs, serrage des différents éléments, gonflage... Bref, presque le montage complet. Et ils font ça en 15 minutes ! Pour 3€ en moyenne et 15 minutes de travail, il ne faut pas s'attendre à un miracle : roues complètement voilées et même pas rondes (serrage des rayons fait au pif), guidon pas droit, selle penchée en arrière ou en avant, axe des roues pas suffisamment serrées, patins de freins qui serrent le pneu voir rien du tout, passage de la plupart des vitesses impossibles et déraillement assuré...
Moi qui aime bien avoir un vélo réglé "au poil", j'ai été refroidi quand j'ai vu ça.

Troisième constat, on trouve des vélos d'occasion facilement. Il y a des réparateurs/vendeurs de vélo d'occasion un peu partout. Il y en a même deux juste en bas de chez nous. Les prix sont dans l'absolu plus intéressants (environ cinq fois moins élevés) mais l'état du vélo l'est beaucoup moins. En plus des problèmes de préparation existant aussi dans ce cas, il y a des pièces en mauvais état (pneus lisses, patins de freins très usés...) voir cassées (manettes de changement de vitesses inutilisables, manette de frein cassée à la moitié de sa longueur...). Là encore, le rapport qualité/prix est bien moins intéressant qu'en France.

Finalement, nous avons trouvé par hasard des vélos dans une petite boutique de sport tenue par des chinois. (Vélos importés de Chine, donc.) Le rapport qualité/prix nous a semblé plus intéressant que ce que nous avons vu partout ailleurs. Et en même temps, toujours pas aussi intéressant qu'en France.

J'ai passé environ 2h sur chaque vélo afin de faire moi-même une préparation qui me convient beaucoup plus que ce que font les vendeurs locaux.

Et voici les bêtes. (Cadres en acier bien épais, c'est du lourd !)

Nous allons donc maintenant au badminton à vélo. Une petite balade de 7.5km aller (+ autant au retour) avec une bonne côte de 1km pour finir (le gymnase étant en haut d'une des plus hautes collines de Tana).

Les malgaches à bicyclette que nous côtoyons sur la route nous disent de temps à autre que "nos vélos montent bien les côtes"... C'est surtout que nous, nous changeons de vitesse pour les monter !
Nous n'avons encore jamais vu de cycliste malgache changer de vitesse. Nous en avons par contre vu de nombreux sur une vitesse inadaptée à leur allure et/ou à la route empruntée. Le plus souvent sur une vitesse dure, correspondant à du plat voir à une descente, alors qu'ils sont en côte !
Nous en avons vu beaucoup monter la côte d'Ankatso (le quartier où se trouve le gymnase) mais en marchant à côté de leur engin. Nous n'en avons encore vu aucun la monter comme nous : en appuyant sur les pédales.
Je ne sais pas si le problème vient de l'impossibilité du cycliste à changer de vitesse (à cause de la rareté des gens sachant régler correctement un vélo ou d'un manque d'entretien) ou simplement qu'il ne réalise pas à quel point ça facilite la vie...

Les cyclistes malgaches ont souvent des vélos très équipés : gros porte-bagage bien solide (pratique pour transporter de lourdes charges voir la famille au complet), gardes boues, sonnettes/klaxon énorme qui fait autant de bruit que ceux des voitures, éclairage avant puissant branché sur deux grosses batteries (l'éclairage des voies publiques est inexistant dans de nombreux endroits)...

Les hommes se retournent souvent pour regarder Fara lorsqu'elle se déplace à pied. Lorsqu'elle se déplace à vélo, les femmes et les enfants s'y mettent aussi. Je crois que les femmes cyclistes sont très rares à Tana. Nous n'en avons encore jamais vu. Et pourtant nous voyons beaucoup de cyclistes. Bien plus qu'en France.

Nous nous déplaçons à nouveau à vélo. Nous sommes heureux.

2 commentaires:

  1. Bravo les enfants ! Vous avez bien fait ! Nous sommes heureux quand vous l'êtes ! Nous attendons le prochain tour de Mada à Vélo ;P

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  2. je suis très en retard pour la lecture du site ..... Mais j'y reviens et c'est vraiment un plaisir de vous imaginer heureux sur vos vélos !

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